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The World Bank Group in Chad, 2010 to 2020

Aperçu des principaux résultats et enseignements tirés

Aperçu des principaux résultats

L’aide du Groupe de la Banque mondiale au Tchad est en cohérence avec les priorités de l’État tchadien et avec le diagnostic de la Banque mondiale. Plus précisément, durant la deuxième moitié de la période d’évaluation, la Banque mondiale s’est efforcée d’identifier les principales contraintes qui pèsent sur le développement du Tchad, notamment celles qui ont constitué des facteurs de conflit, et d’y remédier. Au cœur de ces contraintes figurent (i) une histoire faite de conflits nationaux et régionaux ; (ii) une gouvernance déficiente, concernant particulièrement la gestion des finances publiques ; (iii) la fourniture insuffisante de services de base ; (iv) une dépendance excessive à l’égard du pétrole comme source de revenus ; (v) l’inégalité entre les sexes (et le taux de fécondité élevé qui lui est associé) ; (vi) le changement climatique et (vii) des infrastructures physiques inadaptées.

Le programme soutenu par la Banque mondiale a permis d’atteindre plusieurs objectifs de développement humain, concernant particulièrement la fourniture de services de base dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale. Des avancées ont également été réalisées en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, grâce notamment à des programmes dédiés à la santé, à l’éducation et à l’agriculture. Cependant, bien que les politiques successives aient montré que l’omniprésence de la violence fondée sur le genre entravait les efforts visant à améliorer l’égalité entre les sexes, aucune stratégie explicite n’a été adoptée pour la réduire. Plusieurs projets approuvés à la fin de la période d’évaluation (mais non prévus dans le Cadre de partenariat pays) ont tenté de trouver des solutions au problème de la violence fondée sur le genre, à travers la sensibilisation et la formation, mais le cadre de suivi et d’évaluation de tels projets ne comportait pas d’indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés.

Le soutien budgétaire apporté au moment opportun a permis d’éviter une crise budgétaire imminente, mais n’a pas abouti, en définitive, à des réformes durables. Les mesures de soutien budgétaires ont permis à l’État de continuer à fonctionner, sans toutefois remédier aux carences majeures liées à une mauvaise gestion des finances publiques, ayant contribué à l’accumulation d’arriérés, ni à assurer une viabilité budgétaire. Dans un contexte marqué par l’instabilité de l’État, les actions qui s’inscrivent dans le cadre de la politique de développement n’ont pas été en mesure d’entraîner des réformes profondes et durables.

Les résultats atteints en matière d’agriculture, d’infrastructures et de gestion des ressources publiques sont peu nombreux. Bien que la Banque mondiale ait contribué à améliorer le recouvrement des impôts nationaux et des recettes douanières du Tchad et la transparence dans l’utilisation des revenus des ressources naturelles, la qualité de la gouvernance ne s’est pas améliorée de manière significative.

Nonobstant les défis inhérents aux actions menées dans des situations fragiles affectées par le conflit, la performance de l’ensemble des projets de la Banque mondiale au Tchad est faible, selon les critères d’évaluation des résultats et par rapport aux attentes. La performance a été affectée par la combinaison de plusieurs facteurs : retards d’approvisionnement, changements fréquents d’interlocuteurs au sein du gouvernement et renouvellement du personnel de la Banque mondiale au Tchad.

Les difficultés liées à l’approvisionnement ont constitué un problème récurrent pour la plupart des projets d’investissement au Tchad, entamant ainsi la performance à tous les niveaux. Bien que les projets étaient accompagnés de documents contenant des évaluations plausibles des risques liés à l’approvisionnement et indiquant des mesures pour les contourner, ils étaient souvent trop complexes au regard des capacités limitées du pays. Des efforts ont été effectués pour simplifier les règles de passation des marchés publics du Tchad, mais les intérêts particuliers continuent de saper l’intégrité du système.

La collaboration avec les partenaires de développement a permis d’améliorer l’efficacité de l’action de la Banque mondiale, concernant plus particulièrement la santé, la protection sociale, et les projets menés en collaboration avec le FMI. Collaboration fortement guidée par la volonté d’aider le Tchad à atteindre le point d’achèvement dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés.

Les points suivants constituent les enseignements à prendre en compte par la Banque mondiale pour définir ses actions futures au Tchad :

  • Une analyse ciblée et régulière est nécessaire pour motiver la prise de décision concernant les objectifs prioritaires, le dialogue politique et la conception des réformes. Dans le cas du Tchad, lorsque de telles analyses étaient disponibles, elles ont permis l’élaboration de projets plus efficaces. Ce fut particulièrement le cas des projets de la Banque mondiale dans le domaine de la protection sociale. Malheureusement, peu de travaux analytiques ont été entrepris avant et au début de la période d’application de la Note de stratégie intérimaire, lorsque l’octroi de prêts a été limité. Une occasion ratée qui a empêché la Banque mondiale de fournir en temps utile, lorsque les conditions s’étaient améliorées, une aide ciblée et efficace. Récemment, cependant, le nombre de projets analytiques émanant de plusieurs pôles de Pratiques mondiales a augmenté. Compte tenu des limites des moyens et de la capacité d’absorption, il est important de donner la priorité aux travaux analytiques permettant d’identifier, de comprendre et de s’attaquer aux contraintes les plus déterminantes en matière de développement.
  • Toute l’attention doit se focaliser sur les difficultés d’approvisionnement, car elles compromettent la mise en œuvre de l’ensemble des projets. Cette approche nécessite de résoudre les obstacles politiques et bureaucratiques sous-jacents. Le problème du Tchad n’est pas uniquement un problème de capacités techniques, y apporter une solution efficace nécessite un dialogue de plus haut niveau avec l’État.
  • Bien que mener des projets au Tchad soit complexe en raison des conditions difficiles sur le terrain, il est crucial que la Banque mondiale renforce ses mesures incitatives pour attirer et garder les talents susceptibles de travailler pour le Tchad. Cette démarche est nécessaire pour améliorer la continuité des relations avec les autorités du pays et compenser les capacités limitées du pays (notamment en raison du changement fréquent des responsables gouvernementaux). Le maintien des équipes-pays et des responsables de groupes de travail sur place pour des périodes plus longues peut contribuer à conserver les connaissances opérationnelles et institutionnelles et à maintenir les réformes en cours et les projets engagés sur la bonne voie.